mercredi 16 janvier 2013

Article sur le mariage pour tous

Ah et voilà que j'ai trouvé ce super article que je trouve très pertinent... voilà donc :

Triste mariage gay "La chronique d'Eric Fottorino" LE MONDE | 28.05.04 | 13h09 

   
    On a beau avoir les idées larges, accepter que l'amour n'ait pas de frontières sexuelles, la question du mariage gay peut hérisser. A peine ces lignes sont-elles écrites qu'on devine le tollé, les froncements de sourcils et les lettres de courroux rédigées par les militants de cette union d'un genre nouveau.
 
  Devant le débat qui monte, et voyant approcher la date du 5 juin, où sera célébré, à Bègles, le premier mariage homosexuel, frappé d'interdit avant même d'avoir eu lieu, la plume nous démange. Mieux vaut passer pour réac que se dérober, non ? Que deux hommes s'aiment, que deux femmes s'aiment, qu'ils ou elles vivent ensemble et demandent à la société d'entériner cet amour, la démarche n'a rien de choquant.

    L'amour est libre. Il n'en finit pas de se libérer depuis une nuit des temps que certains font remonter à mai 1968. L'amour homosexuel au grand jour est un pas supplémentaire dans la voie de cette libération.
   
    Alors, pourquoi ce malaise devant une union qui voudrait se sacraliser, sans pour autant être sacrée ? On a écouté les arguments des pro et des anti, de ceux qui réclament une reconnaissance, de ceux qui refusent un détournement de l'institution du mariage dont il faut avouer qu'elle a été bien ébranlée par la non moins réelle institution du divorce.
   
    Le bât blesse, à nos yeux sans doute très myopes, sur la finalité de la chose. Se marier, d'accord, mais pour quoi faire ? Un enfant ? Quel enfant, l'enfant de qui ? D'un homme et d'un homme ? D'une femme et d'une femme ? En mettant le pied dans ce plat-là au risque de gâcher les réjouissances, Lionel Jospin a écrit avec bon sens qu'on peut se prononcer contre le mariage homosexuel sans être homophobe. Dans ces temps de terrorisme, il faut se garder aussi du terrorisme bien-pensant qui dirait amen sans réfléchir aux conséquences de cette nouvelle porte ouverte.

    Au nom de l'égalité, on gommerait les différences. On ferait comme si un couple homosexuel était pareil qu'un couple homme-femme. Comme s'il pouvait prétendre aux mêmes droits. On ne parle pas des affaires de patrimoine légitimement traitées par le pacs. Mais du droit à fonder une famille hors des lois de la nature.

     Le droit : voilà la grande affaire. C'est ce qui nous agace le plus, dans cette revendication du mariage homosexuel. Elle contient tout ficelé un discours de consommateur. On y a droit. Et demain, forts de ce droit, on pourra faire des enfants. On aura droit à des enfants. Nul ne se demande si les enfants ont le droit de ne pas avoir des parents homos.

    Il paraît que l'homoparentalité avec un père et son compagnon d'un côté, une mère et sa compagne de l'autre , c'est formidable pour les petits. Il paraît que l'insémination artificielle utilisée par des couples de lesbiennes, rejetant du même coup l'image du père dans le néant, ne cause aucun dégât psychologique sur leur progéniture. Comme le recours à une mère porteuse par certains couples d'hommes. Il paraît donc que l'enfant élevé ainsi s'épanouit. Il paraît aussi qu'on peut dire le contraire. Qui a le recul nécessaire pour avancer la moindre certitude ? Pour dire quels ados, quels adultes deviendront un fils, une fille de couple homo ? Un principe de précaution devrait s'imposer, pour que la fête ne soit pas triste.


 ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 29.05.04 Et si la question c'était : avoir simplement des parents ?"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire